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♣ Ryûda Megumi ♣
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| Sujet: Que cherches-tu ? [Takeru Yuji] Jeu 14 Mar - 5:21 | |
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Que cherches-tu ? Takeru Yuji & Ryûda Megumi Empty. "Tu te plais ici ?"
Ma main se crispa machinalement autour de mon portable. Je détestais cette voix à un point indescriptible...
-Oui.
Ce n'était pas la vérité. Tout comme ce n'était pas un mensonge. Je ne savais pas le moins du monde si j'aimais ou non cet endroit. Mais je savais parfaitement quelle réponse attendait la question qu'il venait de me poser. Il n'y avait qu'un seul et unique mot à formuler. Comme d'habitude.
"Les cours se passent bien ?"
Je ne prenais même pas une seconde de réflexion. Ma bouche connaissait parfaitement ce qu'elle devait formuler. C'était automatique.
-Oui.
Une poignées de secondes nous séparaient de la question qui lui brûlait ardemment les lèvres.
"Et qu'en est-il de tes résultats ?"
Nous y étions.
-Pour l'instant il n'y a pas de problème.
Il eut un blanc pendant un court instant, le genre de blanc qui me rendait nauséeux et semblait saper l'air autour de moi. Mauvaise réponse ?
"Pour l'instant ?"
Il avait répété la phrase, feignant de ne pas la comprendre. Au travers de son ton -qui se voulait sans aucun doute posé- je ne distinguais qu'une tonalité grave, glaciale. Je voulais raccrocher le plus vite possible. Mais je n'en avais pas le droit.
-Ou-oui.
Nouveau silence.
"Il n'y a pas de raison pour que cela change, n'est-ce pas ?"
Je baissais les yeux, me mordillant la lèvre inférieure. Pourquoi ne pouvais-je rien dire qui allait à l'encontre de ce type ?...
-En effet.
Raccroche...
"Bien. Je ne vois rien à d'autre à te dire. Je te laisse, j'ai une réunion importante."
Je m’apprêtais à lui répondre lorsque l'agacent "bip" raisonna à l'autre extrémité de la ligne. Si j'avais été quelqu'un d'autre, ayant ne serait-ce qu'une once de fierté et de courage, je lui aurais tout dit. Absolument tout. Que je ne voulais pas spécialement devenir designer, architecte ou je ne sais quoi. Que j'aurais peut-être préféré faire mes études ailleurs. Me concentrer un peu plus sur la perfection de mon français. Et surtout lui dire que je ne voulais pas être celui qu'il attendait que je devienne. Je raccrochais, fixant l'écran d'un air amer. Je n'étais pas quelqu'un d'autre. J'étais moi. Juste moi. Une personne incapable d'exprimer ses propres opinions, menant une existence plus que futile. Un personnage neutre et morne. Oui. Tout simplement.
-Toi aussi tu me manques, papa...
✂✂✂✂ Mon crayon crissa légèrement sur le papier rugueux de mon carnet. Dans ses moments là, ceux où je me sentais au plus bas de ma forme, dessiner représentait un besoin vital. Je ne voulais penser à autre chose que le tracé noir qui prenait peu à peu forme sur la feuille. Mais, peu importait ô combien je désirais échapper à toutes les pensées qui tiraillaient mon esprit, elles ne cessaient de me rattraper. Aujourd'hui, depuis ce fameux appel, j'étais dans la plus totale des incapacité à me concentrer sur autre chose. Et pourtant, bien que ma tête était trop remplie à mon goût, je me sentais vide. Complètement.
-Mon dieu, ce truc est horrible...grimaçais-je en arrachant la page avant de la fourrer dans ma poche avec mon crayon.
Je soupirai puis refermais mon calepin, caressant machinalement du bout des doigts sa couverture usée. Parmi les dizaines dont je disposais, celui-ci m'étais sans nul doute le plus précieux -et le plus vieux. Il était spécial, en quelque sorte. Je le rouvris et le parcourais à la va-vite, regardant pour la millième fois les dessins qui s'y trouvaient. Je m'arrêtais un instant sur le portrait d'une adorable fillette à la chevelure blonde et aux yeux bleu. Ma gorge se serra automatiquement. Son nom se forma douloureusement sur mes lèvres, sans que j'eus la force de le prononcer. Hélène.
Il y avait des choses que l'on pouvait dire avec aise. Beaucoup de choses même. Mais il y en avait aussi d'autres qui nous étaient proscrites. Et c'était le cas pour ce nom. Pour cette personne. Il m'était strictement interdit de le mentionner. Et pourtant, bien qu'en parler était impossible, y penser n'en était qu'inévitable. Il n'y avait pas un jour, pas une heure où je ne pensais à elle. Je n'avais pas le droit de l'oublier...
Je feuilletais le reste, jetant des coups d'oeil absents aux nombreux portraits que j'avais dessiné. Elle. Toujours et encore elle. Au fur et à mesure que les pages défilaient, elle vieillissait lentement et son visage devenait de plus en plus flou, jusqu'à devenir la silhouette d'une jeune femme aux longs cheveux blonds. J'essayais sans cesse de la dessiner, de donner vie à la femme qu'aujourd'hui, elle aurait du être. Mais qu'elle ne deviendrait jamais... Qu'elle n'a pu devenir et ce, peut-être par ma faute... Voilà pourquoi je tenais tant à ce calepin. Il était spécial. Il m’aidait à ne pas l'oublier, à ce que son visage ne disparaisse pas de ma mémoire. Je soupirai, refermant le carnet et le calant contre ma poitrine. Non. Je ne pouvais définitivement pas dessiner.
Je m'étais installé dans le petit jardin qui se trouvait derrière l'université, assis à même le sol sous un arbre. J'aimais particulièrement cet endroit. Il était calme et me semblait apaisant. Chose dont j'avais particulièrement besoin ces derniers temps. Je préférais largement cette solitude tranquille plutôt que le brouhaha incessant qui régnait de façon quasi-permanente dans les bâtiments. Qui de plus, je détestais dessiner parmi d'autres individus. C'était... opprimant, en quelque sorte. Rester parmi les autres élèves m'épuisait. Ici, dans cette académie, je ne me sentais pas vraiment à ma place. Comme partout, après réflexion. En ce monde, il n'y avait pas un seul endroit qui me semblait approprié. Ou du moins, il n'y en avait plus...
Je m'adossais contre le tronc rugueux qui se trouvait dans mon dos, le regard perdu dans le vide. Être ici ou ailleurs, cela ne changeait rien. Les choses resteraient les mêmes. Comme moi. Aussi longtemps que je vivrai, je devais suivre bêtement ce qui m' était dicté. C'était un fait. Une vérité qui ne pouvait être altérée.
Une réalité qui, étrangement, me répugnait.
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