Sur le panneau d'affichage il était écrit, « voyage à Sapporo », j’étais curieux mais perplexe. Sur un cou de tête, sans trop réfléchir, sans peser le pour ou le contre, j'ai entrepris la démarche administrative pour m'inscrire. Je ne sais ce qu'il m'a pris. J'aurais sans doute dû tourner les tallons. Faire comme si ne rien n'était. Comme si je n'avais rien vu. Mais c'était faux. Je voulais découvrir les joies du camping. Découvrir l'air pur de la forêt, moi qui suis toujours resté enfermé. Je suppose que si je n'avais rien fait, je m'en serais voulu.
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Devant le car menant au camping il y avait foule. À croire que tous avaient été finalement intéresser par cette excursion. Il n'y avait personne que je connaissais, peut-être que j'en avais déjà aperçu quelques uns. Je ne sais pas. Je n'ai jamais vraiment réussi à reconnaître les gens au premier coup d’œil. Je suis enfin monté dans le bus, quelque peu nerveux. Il y avait trop de monde, trop pour moi. Trop que je puisse supporter. Je me suis installé à une place, seule. Je n'ai même pas cherché à être sociable ou encore à rencontrer d'autres étudiants. C'était inutile, personne ne voulait avoir affaire à moi. Cela me semblait logique. C'est tout en restant morne que j'ai commencé à écouter la musique, et à fermer les paupières.
Lorsque j'ai ouvert les yeux, nous étions déjà arrivés. Pour moi le trajet fut rapide. J'ai dormi du début à la fin. Si le chauffeur n'était pas venu me tirer de ce profond sommeil, je pense que j'aurais passé la nuit sur les sièges inconfortables. Lorsque je suis descendu, j'ai été surpris une seconde fois. Pourquoi j'étais là ? Ah oui il y avait une sortie. J'ai mis du temps avant de réaliser ce que je faisais dans cet endroit. En gros sur une pancarte était écrit, « Camping du Soleil ». Tout était en bois, et tout semblait assez vieux. Ce n'était sûrement pas un camping de luxe à mon humble avis.
Je pensais que j'allais pouvoir dormir seul, à la belle étoile, ou non. Mais apparemment ce n'est pas ainsi que l'organisation avait prévu cela. C'est par tirage aux sorts que devait être désigné mon colocataire. J'avais profondément peur de me retrouver avec n'importe qui. J'ai presque prié pour qu'il reste une tante libre pour moi. J'ai quand même fini par glisser ma main dans une urne poussiéreuse. Hwang Tae Kyung. J'étais si heureux, mais pourtant si nostalgique. Voir son nom, m'a rappelé notre première rencontre, un peu étrange. Cela m'a fait sourire, un sourire spontané, que je ne pouvais contrôler. Mais je me suis soudainement demandé ce que lui en pensait... Et s'il était déçu ? Il voulait peut-être être avec quelqu'un d'autre. Avec une fille par exemple, ou avec un bon ami à lui. J'ai essayé de me dire qu'il serait content de se trouver en ma présence. Mais je n'ai pas réussi...
« J'espère que tu flippes pas trop de te retrouver avec moi hein ? En tout les cas, suis-moi, on va voir notre château. » Sa voix. Sa voix a résonné comme jamais dans ma tête. Un faible sursaut me prit. Je ne m'attendais certainement pas à le voir tout de suite. Pour répondre à sa question je lui ai simplement fait une révérence. Une révérence ? … Il n'y avait pas plus simple... Je suis resté trop formel face à lui. Mais j’étais tendu. Tout le long du chemin je n'ai rien dit. Je l'ai suivi. Comme un chien suit son maître. En ne regardant que le sol. Parfois il m'arrivait de le regarder, mais je baissais les yeux immédiatement après. À quoi il pouvait bien pensais . Je n'en savais rien. Mais j'en mourrais d'envie. Notre tante, si on pouvait appeler cela une tante, était trop petite. C'est que qui m'a le plus marqué. Il y avait un léger problème, je bouge beaucoup la nuit. Tandis que j'essayais de trouver quelque chose à dire, Tae Kyung reprit la parole.
« Gauche ou Droite ? Choisis ta place en premier, moi j'm'en fous. » Comment faire si on a l'habitude de dormir en diagonale ? Je devais m’adapter, c'était la seule solution. Je me suis accroupi devant notre palace, j'ai ouvert la « porte », tout en regardant à l’intérieur j'ai répondu :
« Droite. » La manière dont ces mots sont sorti de ma bouche était monotone. Ce n'était ni chaleureux, ni hostile. J'ai pris mes affaires pour les installer. C'est en fredonnant HELLO de SHINEE, que j'ai étalé mon sac de couchage. Je chantais lorsque je n'étais pas à l'aise. Cela est sûrement mieux que de manger des bonbons, je n'ai pas encore réussi à freiner mes envies mais j'y travaille. J'ai stoppé brusquement mon interprétation. Je me suis replié sur moi-même, abattu. J'avais oublié que je n'étais pas seul... J’avais oublié que j’étais une gêne pour autrui...
« Je suis désolée... Vraiment... Ce ne doit pas être agréable d'être avec moi. Je suis peut-être de trop. Mais si c'est le cas... Dis-le-moi je ferrais en sorte d'être moins déplaisant... » Je me suis allongé sur ce qui devait me servir de lit. Je n'avais plus envie de rien. De bouger. De manger. De marcher. Je voulais juste attendre. Attendre de repartir...